Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, j’ay receu la lettre qu’il vous ha pleu m’escrire et vous
2remercie tres humblement de tant de faveur et de la bonne souvenance
3qu’avés de moy. Je serois marry d’oublier Grenoble, pour y
4avoir receu tant d’honneur et de faveurs, et espere qu’entre
5cy et la Toussaintz j’y seray. Mais je crains que quand sentirez
6l’hyver prendre le païs bas, et sera au temps qu’il fera bon
7chanter la mousque auprès du feu, oultre ce que j’ay faict
8provision de plusieurs belles villanelles Napolitaines pour donner à
9la damoiselle qui les chante si bien. Je ne scay rien de nouveau
10qui soit digne de vous escrire, sinon qu’à Nismes font rompre
11les faulxbourgs et semble qu’ilz ont envie de se faire battre.
12Tous les huguenaulx des Sevenes s’y sont assemblez. Quant à
13l’armée de la Ligue, elle ha esté à tire de canon près de celle du
14Turq, et se sont faict bonne mine. Mais à cause qu’il n’y avoit
15point de vent, les notres n’osarent abandonner les nauz. Louchally
16n’est pas si foible qu’il n’aye deux cens cinquante voilles et
17pour lannée qui vient en aura beaucoup davantage. Il ha passé
18icy ung corrier allant en Espaigne, qui n’ha que douze jours est
19party de Sicile, qui porte nouvelles que l’on ha encore quelque esperance
20qu’ilz doibvent combattre, et que Louchaly espalmoit son armée en la
21Morée ; et dom Joan d’Austrie estoit au Janto que n’est gueres
22loing l’ung de l’aultre. Sur ce, faisant foy par mes bien humbles
23recommandations à votre bonne grace, je prie le Createur vous donner,
24Monsieur, en parficte santé tres longue et tres heureuse vie.
25D’Avignon, ce IIIIe d’octobre 1572.
26Votre bien humble et affectionné
27Serviteur, le chevalier
28Laroche
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